Entreprenariat, Insolite : Patrick Lorho : le seul fabricant de sextants en France !

Le Deux Sept a fait Voile à Saint-Vincent-du-Boulay pour rencontrer Patrick Lorho, un fabricant unique en France. En effet, vous ne trouverez pas d'autres producteurs de sextants sur le territoire. Un appareil de navigation daté du XVIIIe siècle revisité par notre Normand. Un grand navigateur et la Marine nationale ont passé commande.

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Quelle est l'utilité du sextant ?

Le sextant permettait aux marins traversant des océans de maintenir leur cap, grâce à de savants calculs d'angles et de position des astres. Aujourd'hui, il est surtout utilisé par les adeptes de la navigation traditionnelle. Dans son atelier CPI de Saint-Vincent-du-Boulay, Patrick Lorho lui apporte un nouveau design plus épuré, conçu pour contrer la lassitude des pièces complexes d'autrefois.

Qui achète ces outils de navigation aujourd'hui ?

« Mes clients sont des particuliers qui aiment la navigation astro, des commandants de gros bateaux mais aussi l'armée française », explique l'artisan. En effet, pour parer le risque de cyberattaques ou de défaillances du numérique, la Marine nationale a passé commande de plusieurs dizaines de sextants à notre expert eurois.

Le sextant de Loïck Peyron
En 2018, le grand navigateur Loïck Peyron se lance un défi fou : faire la Route du Rhum à l'ancienne, sans électronique, sur le même bateau que celui ayant gagné la première course 40 ans plus tôt. Pour rallier Pointe-à-Pitre, à 6500 km de Saint-Malo, il utilise donc un sextant jaune, aux couleurs de son trimaran Happy... Un objet fabriqué sur-mesure par Patrick Lorho !

Comment en êtes-vous arrivé là ?

« J'ai commencé par un CAP de tourneur fraiseur, suivi d'études en dessin industriel. Puis, j'ai avancé petit à petit comme salarié, jusqu'en 1983 où la famille Blanchet, anciennement à la tête de l'entreprise, m'a proposé de reprendre l'affaire. » Patrick Lorho lance : « Je n'ai pas hésité une seule seconde ! »

Made in Normandie

« Je ne travaille qu'avec des produits régionaux, précise l'Eurois. J'achète la matière chez des fournisseurs normands et je fais faire l'usinage en Normandie. » À son compte depuis 25 ans, Patrick Lorho dit avoir « passé l'âge » d'usiner lui-même les différentes parties qui composent ses sextants. Après avoir conçu tout seul ses modèles, il commande les pièces, les monte, puis les règle avec minutie dans son atelier eurois. « Cela représente environ 15 heures de travail par appareil. »