Culture : Jean-François Rauzier, un hyperphotographe impressionniste

Déconstruire l'image pour la réinventer. Hyperphotographe renommé, artiste super humble, Jean-François Rauzier capture des milliers de clichés qu'il fusionne en une seule composition. Le Deux Sept a rencontré cet artiste à Vernon pour les 150 ans de l’impressionnisme. Vertigineux !

Publié le

Jean-François Rauzier se définit comme un hyperphotographe, concept qu’il a lui-même créé en 2002, pour décrire la technique qu’il a inventé et dont il est passé maître en ce domaine au niveau international.

« L’hyperphotographie, ça consiste à déconstruire l’image pour la reconstruire. C’est de la photo mosaïque. Je prends des milliers de photos d’un même sujet, sous tous les angles, que j’assemble ensuite en une seule image pour aboutir à quelque chose de nouveau », affirme Jean-François Rauzier.

Exposé dans les plus grands événements de photos contemporaines, l’hyperphotographe était habitué jusqu’à présent à photographier des éléments architecturaux comme le château de Versailles, des musées ou des gratte-ciels arrivant ainsi à créer, à partir de photos réelles, des lieux imaginaires qui pourraient être sortis tout droit de l’imagination de George Lucas. 

Le Givernisme ou l’inspiration de Monet

Pour sa nouvelle exposition au Musée Blanche-Hoschedé-Monet à Vernon, il lui a fallu plusieurs mois pour créer des toiles murales ainsi qu’une dizaine de tableaux sur le thème de l’impressionnisme, ou plus précisément sur le « givernisme », avec en toile de fond le jardin de Monet, un travail nouveau pour lui qu’il a pris comme un défi. « C’est le résultat d’un travail en résidence à Giverny, à l’invitation de la fondation Monet. C’est très différent de ce que je fais d’habitude. J’ai fait un travail nouveau, très inspiré de celui de Monet », souligne-t-il.

Ce sont ainsi des milliers de clichés de fleurs, de différentes variétés, tailles et coloris, qui ont été pris avant d’être superposés sur un fond d’une toile de Monet. Le résultat est surprenant et offre aux visiteurs deux visions : une vision de près où l’on scrute chaque détail et l’autre dans sa globalité représentant une nouvelle perception des lieux colorés, vivants pour atteindre une sorte d’abstraction, « un peu comme Monet avec ses nymphéas a atteint l’abstraction ».

Dans une pièce du musée, trois grandes toiles murales font face aux visiteurs. On est immédiatement plongé au cœur du bassin des nymphéas, en pleine nuit avec cette teinte bleutée, effet nuit américaine garantie !  En face de nous, Monet nous regarde, accoudé sur le célèbre pont qu’il a peint tant de fois, comme pour nous révéler ses secrets. « Cette toile très réaliste a nécessité près de 200 photos. J’ai ajouté ensuite des éléments comme l’image de Monet sur le pot ou sur un canot », et même un petit clin d’œil Hitchcockien avec l’apparition du photographe dans la toile.

Que représente Monet dans l’œil du photographe ? « C’est un immense personnage. On peut dire que c’est avec sa toile Impression Soleil levant qu’il a créé l’impressionnisme, bien que le mouvement soit parti d’un collectif dont il était l’une des figures de proue. Il a inspiré les abstraits américains avec ses nymphéas. Il a atteint l’abstraction. C’est un géant selon moi », conclut-il.

Musée Blanche-Hoshedé-Monet, Vernon
Jusqu’au 22/09. Du mardi au dimanche de 10h à 12h30 et de 14h à 18h.
De 3,50 à 5,50€. Gratuit – 26 ans.