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Entre deux rangées d’arbres, la terre caillouteuse a été travaillée pour semer début juin : « Cette année, cette parcelle accueillera du chanvre bio pour la production de graines, à destination de la consommation humaine », prévoit Louis Gegu. L’agriculteur de 25 ans, installé depuis un an et demi sur l’exploitation familiale à Villiers-en-Désœuvre, a repris avec passion le projet lancé par ses parents, Pierre et Françoise : « En 2011, mon père a planté des arbres sur cette parcelle, pour y faire de l’agroforesterie », explique Louis. L’objectif est triple : « C’est d’abord un atout fort d’un point de vue environnemental ; à terme, cela permettra aussi de diversifier nos revenus avec des plantes moins sensibles aux aléas climatiques ; enfin, il y a un objectif social important : on réimplante des arbres sur le plateau de Madrie qui en est plutôt dépourvu, et ça crée des échanges positifs avec les habitants des environs. »
Un partage de connaissances
Noyers, robiniers faux-acacia, cormiers… les essences ont été sélectionnées en fonction des conditions pédoclimatiques (c’est-à-dire la nature du sol et la météo) locales. Les rangées, implantées tous les 24 mètres, permettent aux engins agricoles de travailler facilement les grandes cultures de la parcelle. Le tout est suivi par les agriculteurs eux-mêmes, épaulés par la Chambre d’agriculture et par l’ADAN, Association pour une dynamique agroforestière en Normandie – une initiative lancée dans l’Eure. « Les adhérents ouvrent leurs champs pour pouvoir y faire des observations, des comptages, des prélèvements, détaille Yann Pivain, conseiller technique auprès de la Chambre d’agriculture. Cela permet d’engranger des connaissances et de les partager. »
C’est quoi l’agroforesterie ?
Le terme regroupe plein de pratiques différentes, avec un principe de base en commun : associer des arbres à une autre production agricole. Il peut s’agir de haies implantées entre des champs, ou de pommiers au pied desquels sont élevées des poules, ou encore de cultures associées (des rangs de légumes intercalés avec des framboisiers, et des arbres fruitiers – pruniers, figuiers…). La pratique est théorisée depuis les années 1970, mais elle est ancestrale !
Les avantages
Les arbres, grâce à leurs racines, permettent de limiter l’érosion et le lessivage des sols. Ils en améliorent aussi la fertilité grâce à la biomasse (feuilles et branches mortes) qu’ils produisent, et ils stockent du carbone. Ce sont aussi des abris pour la biodiversité, et des zones d’ombre et de brise-vent pour de nombreux animaux, oiseaux, insectes et animaux d’élevage. L’agroforesterie peut aussi être une source de revenus complémentaires pour l’agriculteur, grâce à la production de fruits et de bois !
Les aides
De nombreuses aides techniques et financières existent. Pour les connaître, contactez votre conseiller à la Chambre d’agriculture : yann.pivain@normandie.chambagri.fr