Société : Aline Le Guluche, autrice de deux ouvrages, témoigne pour sensibiliser à l’illettrisme

Pendant la majeure partie de sa vie, Aline Le Guluche a caché son illettrisme. Ce handicap lui a causé bien des « galères », dans sa vie personnelle et professionnelle. Aujourd’hui, après être retournée à l’école à l’âge de 50 ans, elle raconte son parcours pour sensibiliser à l’illettrisme et montrer que des solutions existent.

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Autrice de deux ouvrages, ambassadrice du programme « Écrire son avenir » porté par Lancôme, soutien de l’Agence nationale de lutte contre l’illettrisme, Aline Le Guluche intervient régulièrement dans des conférences et rencontres, comme le 14 septembre 2024 à la médiathèque de Pacy-sur-Eure. 

Qu’est-ce que l’illettrisme ?

Les personnes concernées ne maîtrisent pas la lecture, l’écriture, le calcul, le numérique, bien qu’elles aient été scolarisées. En France, selon l’Insee, « 10% des personnes âgées de 18 à 64 ans éprouvent des difficultés dans les domaines fondamentaux de l’écrit. Parmi celles qui ont débuté leur scolarité en France, 4% sont en situation d’illettrisme. Cela représente environ 1,4 million de personnes ».

Maltraitance et honte

Issue d’une famille modeste, où personne ne l’aidait pour travailler ses leçons, Aline Le Guluche est tombée sur un enseignant maltraitant, à peine arrivée à l’école. « Je devais être dyslexique, mais il ne le comprenait pas. Il me punissait, me frappait… J’ai redoublé mon CP, mais les traces sont restées : la lecture n’a jamais été acquise », raconte-t-elle.

Mariée jeune, Aline a deux enfants. Elle cache son handicap, laisse son mari remplir les papiers, apprend par cœur les questions du Code de la route pour pouvoir conduire, improvise les histoires qu’elle raconte à ses enfants le soir au coucher, en fonction des images qui illustrent les livres jeunesse. « J’avais honte de reconnaître que j’étais illettrée », regrette-t-elle.

Retour à l’école à 50 ans

Mais elle sent que son manque d’autonomie la piège : « J’ai fini par divorcer après avoir subi des violences conjugales. Ça a été très compliqué, mon ex-mari me disait que je ne m’en sortirais pas sans lui. Mais je suis allée à la gendarmerie, j’ai rencontré une assistante sociale, j’ai trouvé un logement pour mes enfants et moi… et je m’en suis sortie. »

Après des années de stratégies et de honte intériorisée, elle finit par révéler son secret à une collègue de confiance. « Je travaillais dans un hôpital. La direction m’a accompagnée pour m’inscrire à l’école et reprendre des cours pour adultes pendant 6 mois », relate-t-elle.

Deux livres

Lorsqu’un jour, on lui propose d’écrire son histoire pour inspirer d’autres personnes concernées par l’illettrisme et faire comprendre ces enjeux auprès des décideurs, Aline Le Guluche est partagée : « Je n’avais jamais envisagé d’écrire un livre. Je l’ai fait à l’ordinateur, en m’aidant d’un correcteur, d’un dictionnaire des synonymes, et avec une relecture bienveillante de ma maison d’édition. Je fais encore des fautes d’orthographe, mais ce n’est pas très grave. Je suis fière de moi aujourd’hui. »

Infos pratiques
Le numéro vert Illettrisme Info-Service : 0 800 11 10 35.
Le Centre de ressources illettrisme du Carif-Oref de Normandie : www.cariforefnormandie.fr
La Médiathèque de l’Eure met à disposition des collections faciles à lire dans toutes les bibliothèques de son réseau : www.mde.eure.fr